Explications
Oui, bien sûr, ce sondage est bidon et l' IBS n'existe pas. C'est une façon de dénoncer par la dérision le sondage triomphal que le maire de Bordeaux Alain Juppé s'est offert avec l'argent des citoyens bordelais : avec 83 000 euros (un demi million de francs !), il était sûr d'être bien servi.
Comme nous l'avons montré avec ce faux sondage IBS, le choix des questions détermine en grande partie le résultat d'un sondage. Le résultat ne s'est pas fait attendre :
Sud-Ouest - Mardi 7 septembre 2004
Alain Juppé s'offre un bilan en béton
Un sondage Ifop (lire par ailleurs) rendu public hier révèle
que 90 % des Bordelais sont satisfaits d'habiter leur ville et que 87 % d'entre eux
trouvent que Bordeaux a plutôt changé en bien. Certes, ce n'est pas pour fuir un
éventuel désamour avec ses administrés que le maire dit vouloir prendre du champ à la
fin de l'année, mais en raison d'une peine d'inégibilité qui plane sur lui dans le
cadre du procès en appel dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris.
Mais ce que montre le sondage, c'est que Juppé est en train de recueillir les fruits de
son action, avec peut-être ce petit plus de popularité qui lui a toujours fait défaut,
y compris dans les urnes. 76 % des sondés s'estiment en effet « satisfaits de leur maire
» et 21 % « très satisfaits ». Le comble : c'est dans la partie gauche du panel que
les satisfaits seraient les plus nombreux ! Peut-on faire confiance à un sondage qui fait
l'éloge de son commanditaire ? L'Ifop affirme que oui, et que sur la vingtaine de villes
françaises étudiées chaque année, « il y a parfois de mauvais sondages, qui sont
alors passés sous silence ».
« A la limite du plébiscite ». Ce qui n'est pas le cas de celui-ci, puisqu'il est
excellent pour l'équipe municipale. 84 % des sondés jugent que la ville a fait un bon
travail. « Sur certains items, on est même à la limite du plébiscite », ajoute
Frédéric Dabi, directeur du département d'opinion publique à l'Ifop. Lequel précise
que la grille de sondage n'a pas été spécialement créée pour Bordeaux, avec les
risques de manipulation que cela aurait pu entraîner. Il s'agit de la « norme Ifop »,
appliquée à toutes les villes passées au crible par l'institut, et seulement adaptée
aux particularités locales.
Le sondage s'est déroulé en janvier 2004, ce qui a son importance, car l'Ifop note un
indéniable « effet tramway ». A l'époque, l'engin ne roulait que depuis un mois.
Déjà mal, mais on pouvait encore croire que ça n'allait que s'améliorer. Pas sûr
qu'aujourd'hui l'effet tram jouerait dans le même sens. Au-delà des déboires du tramway
non pris en compte par le sondage, « le sentiment de redynamisation de la ville s'exprime
de façon massive », note l'Ifop. L'image de Bordeaux ville fermée n'a pas disparu, mais
elle recueille le score le plus faible des traits d'images testés.
Points noirs. Dans ce concert de louanges, quelques points noirs : l'animation culturelle
(absence d'un grand événement de renom), la création d'emplois, la participation des
habitants aux décisions et le stationnement. Autant de domaines qui suscitent plus de
réserves. Manifestement, les conseils de quartier créés par Juppé ont manqué leur
objectif et sa politique culturelle laisse les Bordelais sur leur faim. Quant aux 3 000
nouvelles places de stationnement ouvertes dans les parkings souterrains des quais, leur
mélodie en sous-sol reste inaudible.